
La chronique du philosophe #04 : La bataille de Massy
On ne s’étonnera jamais assez de la dramaturgie que peuvent revêtir les parties endiablées – bien qu’encore maladroites – que donnent les cadets le samedi après-midi.
Qui ne fut pas tenté de voir, sur le pré synthétique du Maurice Lamarre, la résurgence miniature des joutes homériques opposant Troyens et Achéens ? En effet, les chairs juvéniles de Bourgogne venaient fièrement affronter les enfants de Massy sur leurs terres.
Nulle couardise, mais de la fougue pour mouvoir les souliers cramponnés des petits hommes qui, en deux lignes bien rangées, s’adonnaient à la pratique du corps à corps. Souvent, ici et là, s’extirpant de la bataille rangée, deux braves se défiaient en duels singuliers : c’était à qui renverrait l’autre dans son camp, et à qui enverrait son partenaire en terre promise. Et la hargne qui animait ces jeunes gens n’avait d’égale que les émotions que suscitèrent en eux victoire et défaite.
On eut ainsi droit à toute la panoplie de l’épopée ce samedi : le héros solitaire battant à lui seul cinq adversaires, le héros salvateur empêchant du bout des doigts son adversaire de fendre la muraille massicoise, le doute face à l’adversité, la tragique erreur de défense coûtant un essai cruel… Le drame de cette journée se joua ainsi sur plusieurs dimensions. D’abord, la tragédie du combattant qui tombe : on pleura la blessure de Mamadou, dont la commotion est une énième alerte pour notre sport. Le dénouement, enfin : on savoura la délivrance du côté des Ala, qui crucifièrent leur adversaire d’un essai à la dernière seconde de jeu, leur permettant de reprendre la première place du classement.
Il n’y a pas à dire, un samedi après-midi à Massy peut faire rougir d’envie les meilleures séries Netflix.