Toute l’actualité

Massy-Nevers, vendredi 25 janvier 2019

Stade Ladoumègue, 21h07

 

Et ce fut la tempête dans nos oreilles. Le souffle époumoné de l’arbitre fit tournoyer la petite bille de son sifflet, lui faisant ainsi périodiquement boucher l’ouverture du biseau. La stridence du son émis se para alors d’un agaçant roulement qui ne manquât pas d’exaspérer le public massicois, dont l’excitation fut attisée par la souple et habile gestuelle du lieutenant de la loi, amusante chorégraphie pour les profanes, symbole de l’infraction commise pour les initiés.

Le flicman convoqua le capitaine bleu et noir et, s’inclinant suffisamment pour lui témoigner son respect, mais pas assez pour faire vaciller son autorité naturelle, l’informa du délit précédemment perpétué. X répondit succinctement qu’un tel jugement lui paraissait bien précipité, et, qu’au vu de la liberté dont il était censé jouir, le signalement d’une pénalité à son encontre était tout bonnement inconstitutionnel. Certes, il ne niait pas que, dans un premier temps, l’idée lui vint de porter atteinte aux droits les plus inaliénables de son adversaire, mais que, s’étant ravisé, il avait agi dans la plus parfaite tradition des gentlemen anglais, à savoir dans l’impunité que devait lui offrir la cécité involontaire du corps arbitral. La faute incombait donc entièrement à ce dernier, qui n’aurait jamais dû laisser là traîner son regard tatillon. X assura son interlocuteur de l’étendue de sa frustration, et ajouta pour conclure qu’il n’appréciait pas que l’homme en noir appliquât une telle rigueur durant cette partie.

Il sortit de sa poche un carré de soie de la couleur dont se parent les ronds-points de France, qui n’avait rien à envier aux plus délicats foulards que fabrique Hermès ; et d’un mouvement à la fois vif et harmonieux, se mua devant l’arbitre en statue de la Liberté, intimant par cette subtile allégorie, l’ordre à l’arbitre d’aller dix minutes durant, méditer le problème du droit et de son application dans le champ rugbystique.