
La chronique du philosophe #02 : Le plongeon
Le plongeon
La semaine à la Maison du Rugby ressemble à un plongeon dans l’eau : on se prépare pendant cinq jours pour le moment fatidique, le week-end. Cocasse.
D’abord, on arrive tout guilleret sur le ponton, comme on arrive le lundi matin au bureau. On regarde un peu et à droite et à gauche c’qui se passe, c’qu’il y a à voir. Tranquille. On sait comment ça va finir. La mer est bien jolie, ensoleillée de mille paillettes d’or. On rigole avec les copains, on s’engueule aussi. « Putain qui c’est qu’a les clefs du mini bus ?! » Les clefs ça se perd, ça se retrouve, aussi.
Puis on s’assure que tout le monde est prêt, que personne n’a rien oublié dans l’auto. On sait jamais. Où est ce fichu sac à ballons ? Crampons moulés ou ferrés ? Les paniers repas sont OK ? Le matos, les horaires, les plannings, les numéros de téléphone, les adresses, les transports ? D’ailleurs, on passe par où pour rentrer ? Roberte en sait un bout, on me dit. Soit.
Y a plus qu’à sauter. Ça a l’air de rien. Ce n’est, en réalité, pas grand-chose : on plie les genoux, impulsion, bras en avant, tête rentrée dans les épaules, plouf. Comme un plaquage. Circulez y a rien à voir. Mais voilà, si c’était si simple tout le monde sauterait.
Au début, on jauge la hauteur, on vérifie que personne n’est là-dessous. On réfléchit, aussi. La bombe, le saut de l’ange, ou le salto (avant ou arrière, de surcroît ?) ? A-t-on les moyens de l’extravagance ? C’est décidé, ce s’ra le plongeon : simple et efficace. Sobre. Trois pas d’élan, comme Louis Grimoldby, et feu !
La mer est bien jolie de là-haut. Ça va vite, ça va tout seul. Seulement voilà, ça s’rapproche et ça a l’air compact cette affaire. A-t-on pris assez d’élan ? A-t-on oublié quelque chose ? Aïe, on n’a pas les bons maillots. Zut, trop de sandwiches pour la réception d’après match. Trop tard pour s’en faire, on y va tout droit. On rentre la tête dans les épaules, on bande les muscles, on ferme les yeux. Une dernière respiration avant le choc.
Avant la collision, on le sait déjà : on resautera.
Ce week-end, le choc, c’est Nevers pour la première, Valence pour les Espoirs, Lyon pour les Crabos, Bourgoin pour les « Ala », Rouen pour les « Gauder », et le SCUF pour les filles.