
La chronique du philosophe #01 : Club-house
Mercredi, 10h20 – Club-house
Le thermos de café préparé par Viviane trône sur le comptoir du réceptif. Je ne trouve pas les gobelets en plastique, alors je chaparde une tasse sur les étagères. Vide, l’endroit a des airs de mess d’aviateurs au petit matin, attendant calmement l’effervescence de la journée. Les anciens du club ne vont plus tarder, pour refaire la vie du RCME et longuement spéculer sur son avenir.
Je sors sur la terrasse qui offre une vue royale sur le terrain d’honneur. La piqûre acide du froid est adoucie par la chaleur de la céramique. La fumée du café déborde de la tasse et me fascine, ses filets vaporeux rejoignant la brume bleutée qui recouvre les arbres, au-dessus du terrain. Un vrai Monet à la texture rugueuse et insaisissable.
‘Hansie’ Graaff est là pour sa séance habituelle de tirs aux buts. Le voilà qui enchaîne avec sang-froid les coups de pieds, d’un bout à l’autre du terrain. Quelle satisfaction que d’entendre, dans ce cadre si paisible, le claquement sec et régulier du pied heurtant le ballon. Je l’écoute, plus que je ne l’observe : c’est un métronome dont le son brut est modulé par le chant des oiseaux.
Pas un échec ce matin ; le joueur range ses gonfles, je retourne au bureau.