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03 Nov 2015

Le billet d’un supporter Bleu et Noir

novembre 03, 2015Focus

Ainsi donc, après les quatre succès décrochés par les joueuses et joueurs « Bleu et Noir » ce week-end, ce sont désormais 24 victoires sur 25 matchs disputés en compétitions officielles qu’ont remporté nos 7 équipes engagées en championnat. Bigre ! On pourrait s’étonner ou se gausser d’une telle réussite, mais il parait beaucoup plus intéressant d’essayer de comprendre comment un tel résultat d’ensemble est possible. Cela tombe bien, car pour qui connait un peu la vie en « Bleu et Noir », un des éléments de réponse se trouve sûrement dans l’autre évènement rugbistico-massicois du week-end passé : le challenge Chagnaud. Alors en quoi ce dernier serait-il susceptible de contribuer à ces résultats d’ensemble ? Et d’abords, c’est qui ce Chagnaud qu’on célèbre à Massy depuis 25 ans ?

Jacques Chagnaud, c’est tout simplement celui qui a joué le rôle prépondérant dans la création du RCM, pas encore RCME, en 1971. Ancien joueur d’Angoulême, alors club de première division (clin d’œil à l’actualité à venir ?). Arrivé au M. A. S. en 1967 afin de s’occuper de la section rugby de ce club omnisport massicois,  tout alléché qu’il avait été par le potentiel humain d’un tout nouveau grand ensemble regorgeant de jeunes, ainsi que lui avaient fait miroiter quelques dirigeants précurseurs et visionnaires, Jacques s’est investi tout autant en tant qu’entraineur des seniors que comme créateur de ce qui deviendra notre école de rugby, mais qui n’était lors de ces débuts qu’une « commission des jeunes » présidée à l’origine par notre regretté Maurice Lamarre. Pour ceux qui ont connu cette période de pionniers, ils ont pu voir Jacques et ceux qu’il avait embarqués dans sa croisière, recruter les jeunes qui tapaient un ballon sur les terrains vagues, faire de premières apparitions en milieu scolaire ou animer le cycle rugby de Massy Multi-sports, en faisant ensuite une cour indécente mais fructueuse auprès de gamins subjugués afin qu’ils rejoignent le rugby. Si beaucoup connaissent le rôle colossal joué ensuite par son successeur Alain Gazon pour approfondir et amplifier cette démarche, l’initiateur massicois de cette main tendue avec insistance aux gamin de la cité, c’est Jacques Chagnaud. C’est également lui qui a convaincu en juin 1971 de l’intérêt pour atteindre ces objectifs, d’obtenir une totale autonomie de gestion du club et a proposé en juin 1971 de créer le Rugby Club Massy lors de l’AG de la section rugby. Quelques membres ayant décidé de poursuivre le rugby au sein du MAS, sa section rugby continuera une année en honneur (je crois) avant de péricliter faute de combattants, alors que les forces vives redémarraient de ce fait au bas de l’échelle, écrivant ainsi une magnifique success story qui les verra jouer deux finales nationales et accéder pour la première fois dès 1978 en deuxième division, niveau où Jacques a passé le relai de l’équipe Une à Jacques Suquet dont nous venons il y a quelques semaines de déplorer la disparition. Jacques vit depuis une retraite bien méritée, et longtemps très active, au beau pays de Rhuys, venant quand les circonstances le lui permettent, remettre la coupe qui porte son nom au vainqueur de « son » tournoi. J’écris ces lignes le jour où il est coutume de célébrer les défunts. Quelle bonne idée ont eu nos dirigeants il y a vingt cinq ans de commémorer de son vivant l’œuvre d’un tel personnage ! Cela nous permet chaque année une Toussaint des plus vivantes, disons même grouillante de vie et de plaisir et de retrouvailles, depuis maintenant un quart de siècle.

Quand on sait que ce samedi (alors qu’une partie significative des supporters étaient à Bobigny pour les matchs de Fédérale 1 et des Espoirs), la famille « Bleu et Noir » a su mobiliser 130 bénévoles pour accueillir 27 clubs, dont 13 de Province ou de Belgique à héberger dans les familles ou dans des foyers et internats, faire jouer presque un millier de gamins de 8 à 12 ans, pour la plus grande satisfaction des uns comme des autres, on peut imaginer à quel point la participation en tant que joueur (3 équipes de Massicois dans chacune des deux catégories), en tant que bénévole, que parent supporter… a pu marquer les esprits et les histoires collectives et individuelles au cours de ces 25 dernières années. La force des liens qui unissent les générations de joueurs massicois au fil du temps quand ils arrivent ensemble à maturité, cette histoire commune qui leur permet régulièrement de renverser les grosses écuries, provient pour partie de ce creuset là. Répété annuellement  mais toujours renouvelé et en progrès

Identique dans ses objectifs et sa philosophie : faire disputer dès l’automne un premier tournoi aux enfants, afin de permettre aux éducateurs d’évaluer les points à travailler pour la suite de la saison en se comparant aux autres écuries, mais également de les fidéliser au rugby, de leur donner collectivement le goût du dépassement d’eux-mêmes, de se faire des amis avec qui ils partagent quelque chose que seuls ceux qui ont goûté à l’ovale peuvent vraiment connaître. Permettre à tous les poussins et benjamins du club de participer, quel que soit leur niveau de jeu, grâce à la présence de trois équipes par catégorie, tout en permettant aux meilleurs des joutes de belle envergure les préparant dès octobre à certains grands défis du printemps. Faire découvrir les joies et les arêtes de l’arbitrage aux cadets mobilisés pour prendre le sifflet sous l’œil bienveillant mais exigeant des éducateurs de l’école de rugby et des arbitres référents du club. Il faut avoir vu son ou ses mômes attendre à chaque rentrée, pendant quatre années consécutives, la date du tournoi pour comprendre combien la morsure à l’hameçon peut être persistante. Je me rappelle des chahuts en provenance de la chambre du fiston lorsqu’il recevait un ou deux de ses adversaires berjalliens ou rochelais du lendemain après un dîner familial tout empreint des joies du partage avec de nouveaux camarades. Et je ne m’attarde pas sur le repas des éducateurs provinciaux la veille au soir du tournoi à la maison du rugby avec leurs hôtes massicois, tant il a déjà tendance à finir très nuitamment dans les chansons après la dégustation des bourriches d’huîtres apportées chaque année par nos divers amis des côtes de l’Atlantique. De belles rencontres festives et joyeuses comme sait en procurer notre sport. Cela c’est pour la permanence des fondamentaux du tournoi.

Mais je disais également renouvellement et progrès. Ainsi le nombre de clubs accueillis est passé de 24 à 30 ces dernières années, permettant un élargissement quantitatif mais également qualitatif des participants à la fête. Les spectateurs de samedi se sont régalés devant de très belles parties. Outre les clubs amis provinciaux ou franciliens (dont la plupart sont des partenaires du RCME) de niveau sportif en devenir, la participation d’une douzaine de clubs dont l’école de rugby est reconnue nationalement pour ses résultats, témoigne de la hausse du niveau général de l’adversité. Compte-tenu de l’élévation du niveau sportif de la compétition, il devient plus difficile pour nos équipes 2 et 3 de briller (alors que par le passé, elle pouvaient régulièrement se rapprocher du podium). Elles ont de plus en plus de mal, malgré tout leur mérite, toute leur envie et toutes leurs qualités à rivaliser avec les cadors du tournoi. Il ne leur reste qu’à faire comme ceux des générations précédentes : s’amuser en travaillant pour progresser et revenir encore plus fort en deuxième année avec l’ambition de tout bousculer. Et puisque je parle de progrès, il parait qu’il y en a eu un remarquable cette année : la tenue à la minute près du planning qui a permis à tous de se retrouver sous la tente de l’espace convivialité du club pour assister ensemble et à l’heure à cette magnifique finale de coupe du monde gagné par les Brésiliens du rugby. On est ainsi passé d’une bonne organisation permettant chaque année de tenir les délais à disons un bon quart d’heure près à une véritable précision d’horloger. Si cela, ce n’est pas un signe de professionnalisation du club « All Black and Blue » !

Enfin, car il faut bien boucler la boucle et revenir aux questions introductives de ce billet, comment taire le plaisir de tous ceux qui vibrent ou ont vibré en « Bleu et Noir » devant la victoire de nos M12 (qui remportent ainsi le premier trophée Nicky Smit de l’histoire, devant Caroline venue à cette occasion fouler les terrains sur lesquels a œuvré son merveilleux joueur et éducateur de mari), la belle seconde place des M10 laissant en finale le trophée Arnaud Marchois aux Racingmen du Plessis (trophée que cet ancien participant du Chagnaud est venu remettre en mains propres) ? Comment ne pas penser peu ou prou que les brillants résultats obtenus depuis le début de saison par nos équipes constellées de jeunes talents ont bien quelque chose à voir et qui vient de loin avec cette victoire des jeunes pousses « Bleu et Noir », retrouvant le trophée Chagnaud laissé filer l’an passé ? Au moins autant par le nombre de joueurs massicois passés effectivement par notre école de rugby, que pour la culture de la gagne et de l’esprit de famille rugbistico-massicois que ce tournoi insuffle au club à tous les étages. On se régale déjà par avance de la remise en jeu à l’automne 2016 du trophée pour le 26ème tournoi Jacques Chagnaud. Parce qu’on est qui ? Massy !